Les plus grands esprits de la finance — dont plusieurs lauréats du prix Nobel — se sont penchés sur cette question fondamentale. Pour bien comprendre leurs conclusions, il faut revenir un peu en arrière…
Retour dans les années 1960
À cette époque, investir ressemblait à naviguer en mer sans boussole. Les gestionnaires de portefeuille se fiaient principalement à leur intuition. Ils « sentaient » le marché. On les qualifiait d’experts… mais personne ne savait s’ils battaient réellement le marché ou s’ils avaient juste eu de la chance.
Puis, un bouleversement s’est produit : l’arrivée des ordinateurs.
L’Université de Chicago et la révolution des données
À l’Université de Chicago — un haut lieu de la recherche en finance — un groupe de chercheurs pionniers a décidé de faire ce que personne n’avait encore tenté : analyser les marchés à l’aide de données. Beaucoup de données.
Parmi eux, Eugene Fama, une figure désormais incontournable. Sa découverte majeure ? Le marché n’est pas un jeu de hasard ou d’intuition : c’est une machine à traiter l’information. À chaque nouvelle donnée disponible, des millions d’investisseurs l’intègrent immédiatement dans les prix. Ce n’est pas de la magie. C’est de la science.
Mais ce que Fama découvre ensuite est explosif. Il compare les rendements de gestionnaires professionnels à ceux de simples indices boursiers… et il se rend compte que la majorité d’entre eux font pire. Pas une fois. Pas deux fois. Systématiquement.
Le marché vous bat… sans que vous ne le sachiez
Alors que tout le monde croyait qu’il fallait « battre le marché » pour réussir, Fama démontre que le marché bat déjà la plupart des investisseurs actifs.
Avec son collègue Kenneth French, il poursuit ses recherches et identifie des « facteurs » communs aux actions les plus performantes sur le long terme. Ces dimensions sont comme des empreintes dans les marchés. Invisibles à l’œil nu, mais omniprésentes si on sait comment les lire.
De la théorie à la pratique
Une nouvelle génération entre alors en scène : David Booth et Rex Sinquefield, deux anciens élèves de Fama. Plutôt que d’essayer de prédire l’avenir, ils décident de mettre la science en pratique. Leur objectif ? De créer un fonds non pas pour battre le marché en devinant l’avenir… mais pour l’épouser intelligemment.
Résultat : ils lancent l’un des premiers fonds indiciels institutionnels. Les gens les prennent pour des fous. Et pourtant… ça marche. Année après année, des millions d’investisseurs ordinaires commencent à obtenir de meilleurs résultats, non pas en prenant plus de risques, mais en adoptant une approche plus rationnelle.
Une stratégie fondée sur des preuves
Plutôt que d’essayer de deviner les erreurs du marché, certains choisissent d’utiliser l’information contenue dans les prix pour rechercher des rendements supérieurs et gérer les risques. Les facteurs éprouvés par des décennies de recherche sont aujourd’hui bien identifiés :
-
Valeur
-
Profitabilité
-
Taille
L’investissement fondé sur la science
Avoir confiance dans les marchés, c’est adopter une approche d’investissement systématique et disciplinée. Une méthode applicable partout dans le monde et dans toutes les classes d’actifs, qui réduit les coûts, élimine les biais subjectifs et s’appuie sur ce que la science a démontré.
Et pourtant, en 2025…
Le plus surprenant ? C’est qu’aujourd’hui encore, des milliers d’investisseurs au Canada continuent de payer des frais de gestion supérieurs à 0,35 %.
Ils confient leur argent à des gestionnaires qui pratiquent une gestion active non fondée sur des données scientifiques, dans des fonds coûteux, souvent inefficaces.
Pourquoi cela perdure-t-il ? Parce que les grandes institutions qui dominent le marché créent des dizaines de fonds, en laissent tomber ceux qui sous-performent, et mettent en avant uniquement ceux qui ont eu de bons résultats dans le passé. Mais même ces fonds finissent, tôt ou tard, par sous-performer le marché.
Alors pourquoi continuer à jouer un jeu que la science a déjà décrypté ?
Il est temps de changer d’approche.
De laisser les intuitions de côté.
Et de miser sur ce qui fonctionne.
Pas de magie. Pas de paris. Juste de la rigueur. Et des résultats.
